dimanche 13 novembre 2011

Leonardo DiCaprio remarquable dans J. Edgar

J. Edgar, le nouveau long métrage de Clint Eastwood prouve, une fois de plus et hors de tout doute, que Leonardo DiCaprio mérite un Oscar. J. Edgar, c’est 50 ans de la vie de J. Edgar Hoover, fondateur et premier patron du FBI de 1935 à sa mort, en 1972. Remarquablement incarné par Leonardo DiCaprio, au jeu nettement beaucoup plus fin que dans L’aviateur, l’homme est montré dans sa vie professionnelle et son intimité. Côté travail, cet anticommuniste montre dès sa jeunesse des signes de paranoïa et ne s’entoure que de gens en qui il a confiance: sa secrétaire Helen Gandy (Naomi Watts) et son ami/amoureux/second Clyde Tolson (Armie Hammer qui interprétait les frères Winklevoss dans Le réseau social).

Sa mère (Judi Dench, toujours aussi juste) l’entoure d’attentions un peu étouffantes et est présentée comme la main de fer, persuadée de la grandeur de son fils («Tu seras l’homme le plus puissant du pays», lui répète-t-elle quand J. Edgar est petit). Alors que l’homme demeure, à ce jour, controversé et entouré d’une aura de mystère, due en partie au contenu, toujours inconnu, de ses fameux dossiers secrets détruits après sa mort, le scénariste Dustin Lance Black (Milk) propose une vision en demi-teintes de Hoover. À part sa méfiance innée, son anticommunisme primaire et son sens du devoir patriotique, ce goût du pouvoir suprême - car dans l’ombre - que lui soupçonnent les historiens est passé sous silence. Son homosexualité est présentée, elle aussi, discrètement. Même si J. Edgar et Clyde partagent une intimité évidente, rien n’est avancé sur une relation sexuelle.

Lors de la conférence de presse de présentation du long métrage qui s’est tenue la semaine dernière à Los Angeles, Leonardo DiCaprio expliquait : «Hoover voulait défendre les principes fondamentaux de la démocratie dans notre pays, mais quand le mouvement des droits civils a fait son apparition, il y a vu une révolte populaire. Il ne s’est jamais adapté à notre pays et il est resté au pouvoir bien trop longtemps.»

Cet aspect est remarquablement bien détaillé et on sent un Hoover dépassé par l’arrivée des Kennedy à la Maison-Blanche et par les discours de Martin Luther King Jr. Malheureusement, et pour des raisons évidentes, le scénario de Dustin Lance Black prend quelques raccourcis, suggère plutôt que de dire et, de ce fait, finit par lasser le spectateur qui a l’impression d’assister aux mêmes événements au fil des ans.

C’est la seule faiblesse de ce J. Edgar. Clint Eastwood maîtrise parfaitement l’art de la caméra, ses cadrages sont impeccables. Leonardo DiCaprio, Naomi Watts, Judi Dench et Armie Hammer forment un quatuor parfait. L’équipe du maquillage a réalisé des prouesses en vieillissant tous les protagonistes de manière si impressionnantes que Clint Eastwood peut aisément se permettre de filmer en gros plan. On prévoit, sans grand risque de se tromper, que cet Eastwood-là ne sera pas boudé par l’AMPAS lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Car, si c’est le cas, les membres de l’Academy perdraient toute crédibilité.

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